• géométrie habitée 8 sculptures, tuyaux PVC, fil d’acier, ficelle polypropylène. Théâtre Quintaou et galerie G. Pompidou, Anglet © Anabelle Soriano
  • géométrie habitée 8 sculptures, tuyaux PVC, fil d’acier, ficelle polypropylène. Théâtre Quintaou et galerie G. Pompidou, Anglet © Anabelle Soriano
  • géométrie habitée 8 sculptures, tuyaux PVC, fil d’acier, ficelle polypropylène. Théâtre Quintaou et galerie G. Pompidou, Anglet © Anabelle Soriano
  • géométrie habitée 8 sculptures, tuyaux PVC, fil d’acier, ficelle polypropylène. Théâtre Quintaou et galerie G. Pompidou, Anglet © Anabelle Soriano
  • géométrie habitée 8 sculptures, tuyaux PVC, fil d’acier, ficelle polypropylène. Théâtre Quintaou et galerie G. Pompidou, Anglet © Anabelle Soriano
  • géométrie habitée 8 sculptures, tuyaux PVC, fil d’acier, ficelle polypropylène. Théâtre Quintaou et galerie G. Pompidou, Anglet © Anabelle Soriano
  • géométrie habitée 8 sculptures, tuyaux PVC, fil d’acier, ficelle polypropylène. Galerie G. Pompidou, Anglet © Anabelle Soriano
  • géométrie habitée 8 sculptures, tuyaux PVC, fil d’acier, ficelle polypropylène. Galerie G. Pompidou, Anglet © Anabelle Soriano
  • Relais ensemble de 6 sculptures implantées le long du GR30 (ici le n°3 au sommet de la banne d’Ordanche, 1512m), 1,70x1,60x1,60m, pouzzolanes, résine, grillage, mortier. Festival Horizons-Art Nature en Sancy, 2015.
  • Relais ensemble de 6 sculptures implantées le long du GR30 (ici le n°3 au sommet de la banne d’Ordanche, 1512m), 1,70x1,60x1,60m, pouzzolanes, résine, grillage, mortier. Festival Horizons-Art Nature en Sancy, 2015.
  • polyèdres karstiques 4 sculptures, contreplaqué, résine acrylique, mastic polyester, peinture acrylique, 400x80x140 cm / 160x140x120 cm / 140x100x160 cm / 140x140x60 cm, 2014. Domaine viticole de Saint Ser, Puyloubier - Sainte Victoire. Exposition de fin de résidence Voyons Voir | art contemporain et territoire.
  • polyèdres karstiques 4 sculptures, contreplaqué, résine acrylique, mastic polyester, peinture acrylique, 400x80x140 cm / 160x140x120 cm / 140x100x160 cm / 140x140x60 cm, 2014. Domaine viticole de Saint Ser, Puyloubier - Sainte Victoire. Exposition de fin de résidence Voyons Voir | art contemporain et territoire.
  • dièdre bleu photo/sculpture, impression jet d’encre en 2 lés de 91x180cm contrecollés sur médium de 16mm, dos en contreplaqué peint, 2011. Galerie du CROUS de Paris.
  • dièdre bleu photo/sculpture, impression jet d’encre en 2 lés de 91x180cm contrecollés sur médium de 16mm, dos en contreplaqué peint, 2011. Galerie du CROUS de Paris.
  • fantasme minéral 3 sculptures, résine acrylique, mastic polyester, peinture acrylique, 60x40x30 cm / 120x50x40 cm / 35x45x30 cm, 2013. Galerie karima célestin, Marseille.
  • fantasme minéral 3 sculptures, résine acrylique, mastic polyester, peinture acrylique, 60x40x30 cm / 120x50x40 cm / 35x45x30 cm, 2013. Galerie karima célestin, Marseille.
  • fantasme minéral 3 sculptures, résine acrylique, mastic polyester, peinture acrylique, 60x40x30 cm / 120x50x40 cm / 35x45x30 cm, 2013. Galerie karima célestin, Marseille.
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Géométrie Habitée — Entretien avec Anabelle Soriano

Actualités - 09/01/2017 - Article : Barbara Fecchio

Géométrie Habitée est le titre de l’exposition de l’artiste Anabelle Soriano actuellement présentée dans les espaces de la galerie Georges-Pompidou (Anglet) et hors les murs, autour du Théâtre Quintaou (Anglet). Précédée d’une « micro résidence », l’artiste a créé les œuvres spécifiquement pour la ville d’Anglet.

Bonjour Anabelle, pourriez-vous nous parler de la « micro résidence » qui a précédé l’exposition Géométrie Habitée ainsi que les différentes phases du travail d’installation à l’extérieur du Théâtre Quintaou et à la Galerie G. Pompidou ?
Suite à ma première visite de repérage, en septembre, j’ai essentiellement travaillé en maquette et photomontages. Le projet que j’ai élaboré pour le théâtre a nécessité trois périodes de résidence. Pour mon premier séjour d’une semaine, en octobre, j’ai été accueillie dans les locaux de l’école d’art de Bayonne où j’ai commencé à travailler à l’échelle 1. Cette période m’a permis d’affiner ma proposition en revenant sur le site du théâtre, mais aussi de préparer les aspects logistiques de la production et de l’accrochage. De retour dans mon atelier, à Paris, j’ai produit les quelques 300 manchons en résine nécessaires à l’assemblage des tubes composant les sculptures.
La deuxième période sur place s’est déroulée sur les dix jours précédents le vernissage, dans les locaux techniques du théâtre et fut consacrée à la construction des modules et leur accrochage sur les façades du théâtre. Leurs emplacements ont été réajustés par rapport aux photomontages car cette étape nécessitait un vrai travail in situ : voir la présence des sculptures à l’échelle du bâtiment, prendre en compte avec plus de précision les différents points de vue depuis les espaces environnants… Quant aux tissages dans les modules, dernière étape de la construction, ils ont été construits une fois les modules fixés sur les façades, pour les mêmes raisons. J’ai donc travaillé en hauteur, soit à la nacelle, soit en auto-assurage sur une corde, afin d’être au plus près de la logique même du projet à savoir « habiter » ces structures géométriques.
Pendant ce séjour j’ai également commencé l’installation dans la galerie G. Pompidou, afin de pouvoir présenter mon projet au moment du vernissage et d’inviter le public à venir participer à ce « work in progress » la semaine suivante avec moi. Cette troisième phase de travail s’est déroulée sur trois journées, avec le public, et a abouti à la construction de 4 grands volumes constitués de fils noués et tendus à travers l’espace de la galerie.

Pourriez-vous nous présenter Géométrie habitée et vous attarder plus particulièrement sur le choix d’exposer dans les espaces de la galerie Georges-Pompidou mais aussi à l’extérieur, autour du Théâtre Quintaou ?
Lorsque Lydia Scapini, chargée de mission art contemporain pour la direction culturelle de la Ville d’Anglet, m’a invitée à exposer, sa proposition était assez ouverte. Au cours de ma première visite de repérage, j’ai tout de suite été très attirée par l’architecture du théâtre. J’ai donc élaboré un projet spécifique pour ce site. Quant à la galerie municipale G. Pompidou, c’est un lieu qui dès sa création, en 1989, a été dédié à l’art contemporain, grâce à une politique culturelle très dynamique depuis plusieurs décennies. Il me semblait donc important d’intégrer ce lieu à mon projet.
La première chose qui m’a “accroché” au théâtre c’est son grand porte-à-faux et sa structure polyédrique, sur laquelle je me suis tout de suite projetée. Je me suis imaginée parcourir ce bâtiment, en explorer les arêtes, les décrochements ou les façades. Je précise ici que l’escalade fait partie intégrante de ma vie et que l’architecture m’inspire parfois à la manière d’un rocher ou d’une falaise. En ville mon regard est souvent attiré par les lignes verticales des façades où j’entrevois un beau parcours aérien, je repère une corniche où j’irais bien m’installer et m’enivrer de points de vue vertigineux et inédits sur l’espace urbain. C’est donc très rapidement que m’est venue l’envie d’investir les façades du théâtre.
L’installation est composée de huit structures géométriques polyédriques accrochées aux parois de ce dernier. A l’intérieur de six d’entre elles sont nichées des formes plus organiques, je veux dire par là plus libres et intuitives, plus « vivantes ». Constituées de ficelles orange assez fines (2 mm de diamètre), ces dernières sont des volumes dont les contours sont définis seulement par des lignes. Elles présentent à chaque fois deux ouvertures, sortes de tunnels torsadés et souples, frémissant au passage du vent. Par leur présence les structures géométriques deviennent des habitacles. Sortes de micro-architectures qui jouent avec la géométrie même du bâtiment, les modules semblent en avoir colonisé les parois pour y faire leur nid.
Mon intention, par cette proposition, est de permettre aux personnes qui fréquentent ce lieu de le voir autrement, de lui donner une dimension différente.
L’installation dans la galerie est aussi un travail in situ dans le prolongement du projet à l’extérieur. Ici les tissages viennent occuper tout l’espace, ayant pour structure géométrique l’architecture même de la galerie.

Comment avez-vous conçu et mis en place l’atelier avec le public ? Quels étaient les objectifs ?
J’ai souhaité investir l’espace de la galerie en l’ouvrant au public afin de pouvoir échanger sur le processus à l’œuvre et de donner un sens au mot « habiter », qui figure dans le titre de l’exposition. La construction s’est déroulée sur trois journées pendant lesquelles le public a pu me rencontrer, me voir travailler et participer à la construction. A chaque fois je leur ai exposé le principe d’appropriation de l’espace que je souhaitais mettre en place et, tout en les guidant, je les ai encouragés à s’approprier le projet et à faire des propositions dans ce cadre. Je leur ai transmis les éléments liés au protocole de construction et aux techniques de fabrication, à savoir la réalisation de noeuds bien précis en fonction des points d’attache des fils, percer et cheviller en fonction des matériaux, utiliser un pistolet à colle… La plupart des personnes qui ont participé se sont vraiment investies et sont restées jusqu’au bout de la construction du volume sur lequel elles s’étaient lancées, ce fut un beau moment d’échange et d’accomplissement. D’autres sont passées à intervalles réguliers pour voir le travail se faire et progresser; une autre façon de comprendre le projet.

Vous pratiquez l’escalade depuis longtemps. De quelle façon cette discipline influence votre travail artistique ?
C’est pendant ma deuxième année aux Beaux-Arts d’Angoulême, lors d’un workshop avec l’artiste Xavier Zimmerman, que j’ai réalisé que ma pratique de l’escalade pouvait avoir une place dans ma démarche artistique. C’est là que j’ai pris conscience de l’importance que cela avait dans ma façon d’appréhender l’espace : points de vue, échelle, équilibre, gravité… L’escalade n’est pas mon thème de travail mais l’expérience acquise par cette pratique s’immisce dans mon rapport à l’espace et à la matière.
Je m’intéresse particulièrement aux espaces, réels ou imaginaires, qui provoquent des sensations de vertige, de perte de repères et d’orientation, de pesanteur et d’équilibre… Sans être représenté ou cité, le corps est omniprésent dans mon travail, dans sa confrontation physique et sensible à l’espace et aux œuvres. Je pense notamment à une pièce que j’ai intitulée Dièdre bleu, elle met en scène une simple photo d’angle, présentée pliée sur un support en angle. Chaque panneau constituant l’angle mesure 1,80m de haut et 91cm de large, à l’échelle du corps donc. Mais l’image est pliée dans le sens inverse de la perspective initiale et nous aspire au lieu de nous repousser. L’effet d’instabilité est accentué par l’inclinaison de la structure qui rend son équilibre visuellement fragile. Le titre fait référence à un terme très utilisé en escalade et en montagne pour décrire un itinéraire. Il désigne un couloir vertical formé par deux surfaces de rocher relativement planes qui se rencontrent et forment un angle rentrant.
L’autre aspect de l’escalade qui vient nourrir mon travail est l’environnement minéral, notamment les phénomènes de construction géologiques : érosion, stratification, cristallisation, tectonique… Par exemple dans l’installation Fantasme minéral, trois sculptures géométriques pyramidales sont percées par des creux aux formes très organiques, comme si elles avaient été érodées par le passage de l’eau.

Pourriez-vous vous attarder sur les deux installations en plein air Relais GR30 (Grande Randonnée 30 de La Bourboule à Besse-et-Saint-Anastaise, Massif du Sancy en Auvergne) et les Polyèdres Karstiques situées au Domaine viticole de Saint Ser (Puyloubier).
Les Relais sont un ensemble de sculptures que j’ai réalisées en 2015 pour l’événement Horizons-Art Nature en Sancy. Au nombre de six, les Relais étaient installés le long du GR 30 répartis sur environ 3km au sommet de promontoires naturels visibles de loin en loin, situés entre 1200m et 1500m d’altitude. Inspirés du « cairn », ils étaient composés de pierres volcaniques d’Auvergne, assemblées en forme de cône à échelle humaine. Chacun d’eux intégrait un volume creux en résine, fabriqué en amont dans mon atelier et différent pour chaque sculpture. Ces derniers avaient pour but de créer une ouverture dans la sculpture donnant la direction à suivre vers le Relais suivant, et offrant également une fenêtre sur le paysage. Il m’a fallu arpenter le GR dans tous les sens plusieurs fois afin de définir l’emplacement des sculptures et l’orientation des volumes en résine pour qu’ils puissent se deviner de loin en loin. Cette confrontation physique au terrain, y compris dans la phase de construction, m’a beaucoup intéressée car elle allait dans le sens même de l’idée du cairn. Et malgré la rudesse des conditions de travail (portage, météo…) je garde un souvenir exceptionnel du cadre paysagé qui a été mon atelier pendant cette période.
La résidence de création effectuée au Domaine viticole de Saint Ser, au pied de la montagne Sainte Victoire, pour Voyons Voir, était ma première occasion de proposer un projet in situ en extérieur. Il se trouve qu’enfant je vivais à quelques kilomètres de la montagne Sainte Victoire et mes parents, qui y pratiquaient l’escalade, m’emmenaient souvent avec eux. J’ai donc pour ce lieu un attachement particulier qui a largement motivé mon projet artistique pour cette résidence.
Cela a donné lieu à un ensemble de quatre sculptures intitulées Polyèdres karstiques. Il s’agissait de volumes géométriques pleins présentant chacun sur une de leurs faces des fragments de roche érodée. J’ai obtenu ces derniers par moulage direct sur les parois de la Sainte Victoire durant ma période de résidence. Le calcaire de la Sainte Victoire présente souvent un aspect assez compact, prenant l’apparence de grands murs raides continus sur des dizaines de mètres. Les aspérités, témoins de l’érosion, qui servent de prises pour les grimpeurs, y sont d’une grande finesse. Mon choix s’est porté vers des « cannelures », « goûtes d’eau » et autres « lunules », comme les nomment les grimpeurs qui les utilisent comme prises. Ces dernières, témoins de l’érosion, sont caractéristiques des roches calcaires.  Chaque sculpture se voulait monolithique. Polyèdre et moulage ne faisant qu’un, unis par un fondu dans le modelé entre surface plane et reliefs érodés, ainsi que par la couleur englobant le tout.

Géometrie habitée
Jusqu’au 21 janvier 2017
Entrée libre du mardi au samedi, de 10h à 13h et de 14h à 18h
anabellesoriano.fr

Théâtre du Quintaou
1, allée de Quintaou
64600 Anglet

Galerie Georges Pompidou
12, Rue Albert Le Barillier
64600 Anglet