• vue de l'exposition concert pour une nouvelle forêt à la fondation bullukian, lyon, juin 2019. photo : olivier gabrys
  • vue de l'exposition concert pour une nouvelle forêt à la fondation bullukian, lyon, juin 2019. photo : olivier gabrys
  • vue de l'exposition concert pour une nouvelle forêt à la fondation bullukian, lyon, juin 2019. photo : olivier gabrys
pause 1/3 Photos

Concert pour une nouvelle Forêt

Actualités - 25/06/2019 - Article : Olivier Gabrys

Guillaume Barth est de ces artistes qui aiment raconter des histoires, des récits qui prennent du sens dans la durée, qui vous ouvrent un imaginaire sensible à partir d’une poignée de glands de chêne ramassés dans une forêt allemande près de Stuttgart, à l’automne 2016.

Lauréat du dernier prix de la Fondation Bullukian, Guillaume Barth, né en 1985 en Alsace, propose une expérience unique immersive dans les nouveaux espaces de l’institution lyonnaise jusqu’au 27 juillet de cet été.

Guillaume a la patience d’observer le détail de la matière vivante qui suscite en lui l’intuition initiale d’une œuvre à venir, à bâtir, nourrie de rencontres et de collaborations fructueuses avec d’autres disciplines.

Au cours d’une résidence à la Künstiftung Bade-Württenberg, avec l’Institut Français de Stuttgart et le CEAAC Strasbourg, plus précisément, lors d’une promenade en forêt où l’artiste médite, se vide la tête, Guillaume Barth découvre, suite à des variations climatiques inhabituelles, cent quarante huit glands germés qu’il décide de sauvegarder du gel en les plantant dans son atelier. L’observation minutieuse et attentive de ces êtres en devenir lui inspire un champ d’investigation et d’observation autour de la manière dont les arbres communiquent entre eux, avec le monde, avec les énergies qui les environnent. Il leur fait la lecture à voix haute, les berce de musique et de vibrations et note avec attention les réactions, l’évolution de chacun de ses arbres. Des personnalités se dessinent, chacune singulière, tant et si bien que l’artiste attribue à chaque spécimen un prénom. Certains arbres développent des affinités entre eux, à la manière des humains.

Autour de cette « Baumschule » (pépinière en allemand) va naître le projet ambitieux d’une composition musicale innovante, d’une musique écrite « par et pour les arbres » et dans la définition des modalités de transmission de ce travail. Ainsi prend forme l’œuvre évolutive « Concert pour une nouvelle forêt », réalisé en partenariat étroit avec le compositeur Thibault Bru et la pianiste Neus Estarellas.

Le nouvel espace d’exposition de la Fondation Bullukian, lumineux et complémentaire du premier, permet de plonger dans l’atmosphère de l’atelier/laboratoire de Guillaume Barth, entre croquis et notes multiples, citations, herbier, partition musicale, projection vidéo et écoute d’une partie de la pièce musicale qui sera composée au final de quatre mouvements, correspondant chacun à une saison de la vie de ces arbres. Entre ces deux pièces, le jardin accueille l’installation des 124 chênes qui, dans leur pot, judicieusement répartis, ont entouré et dansé autour de Neus Estarellas, lors d’un concert inaugural le soir du vernissage, début juin, dans une tempête de vent.

Les arbres de cette œuvre devraient être replantés au cours de l’année 2021 pour ne jamais être coupés, continuer à grandir, à échanger, à ressentir et frémir à travers les âges, par leur intelligence propre.

D’autres œuvres de Guillaume Barth sont à découvrir aussi, témoignant de son goût pour le voyage et les projets pensés par-delà les frontières et les océans, dont les très belles images d’« Elina » que l’artiste a développé dans le désert de sel du Salar d’Uyuni en Bolivie en 2015. Formidable aventure humaine donnant vie, cette fois, à une planète éphémère et blanche, à la rencontre de la matière, du geste et de la lumière.

Les projets de Guillaume Barth sont vastes, touchent à plusieurs endroits du corps, du cœur et de l’esprit. Il est difficile, me semble-t-il, d’en contenir la substance dans les objets de cette seule exposition. Les univers qu’il créé méritent que l’on s’y attarde, que l’on gratte, par soi- même, que l’on y voyage à notre tour, pour qu’elles résonnent en nous, avec plus de profondeur encore.

Concert pour une nouvelle Forêt
Jusqu’au 27 juillet
Entrée libre du mardi au vendredi (14h-18h30) & samedi (13h-19h)
Fondation BULLUKIAN
26 place Bellecour
69002 LYON