Les carnets du paysage, varia

Actualités - 08/04/2016 - Article : Corinne Crabos

« Nous proposons d’écouter le monde comme une vaste composition musicale – une composition dont nous serions en partie les auteurs » R. Murray Schafer.

Cette belle proposition pourrait être celle de « Carnets du paysage », une des principales revues françaises traitant de la question du paysage et de ses enjeux. Créée en 1998 au sein de l’École nationale supérieure de paysage de Versailles (ENSP) et coéditée par les éditions Actes Sud, la revue se fait forte de vingt huit numéros. Vincent Piveteau, directeur de l’ENSP et directeur de la publication s’appuie sur deux directeurs de rédaction, Jean-Marc Besse et Gilles A. Tiberghien, eux-mêmes entourés d’un comité de rédaction et d’un comité scientifique international constitués de personnalités aux compétences et disciplines diverses : paysagiste, géographe, architecte, historien, jardinier, urbaniste, etc. … Ces carnets de format 21×24, sont dotés d’une iconographie abondante et en couleurs.

La parution en avril du n°29 consacré aux déchets est l’occasion d’aborder cette aventure éditoriale, intellectuelle, sensible et engagée qui questionne le paysage par des chemins inattendus ou encore inexplorés comme le font les n° 28, Le musical, ou le n° 11, Les CheminementsEn ces temps de bouleversements climatiques, écologiques, cette revue tente de projeter le paysage, une manière d’anticiper sur le futur. Dans le n° 25, Nourritures, elle montre comment les habitudes alimentaires transforment le paysage ou dans le n° 17 elle questionne les défis climatiques à venir. Le paysage on l’habite et on le fabrique sans cesse.

La revue interroge la notion de paysage et fait dialoguer la botanique, la cartographie, l’écologie, l’art et les autres disciplines entre elles. Elle explore d’une manière ample les réalisations, les idées, les projets consacrés au paysage dans le monde entier. Elle confronte et fait dialoguer les disciplines, les savoirs, les pratiques à travers le prisme de la littérature, des arts etc. Comme dans le n°15, Bord à bord, qui rassemble des textes d’artistes, d’intellectuels, d’écrivains qui réfléchissent et agissent sur l’environnement car l’identité du paysage se constitue des questions sur la nature, l’espace, les usages, « la poétique des formes ». La revue est un témoin de la transformation des recherches et des pratiques du paysage dans notre monde contemporain. Le n° 23, Paysages en migrations, en est une illustration, à savoir l’impact dans les paysages matériels et symboliques des migrations économiques, de guerres ou de changements climatiques. En même temps, elle relie le présent du paysage à son passé, son histoire et ses fabrications et fait ainsi appel aux connaissances scientifiques, techniques, esthétiques, économiques et politiques. Il en est ainsi dans le n° 22 consacré à la montagne et le n° 27, Archéologies. Elle contribue ainsi à enrichir nos connaissances sur l’histoire du paysage et des jardins et à nous relier à eux.

Par l’interrogation de tous les domaines relatifs au paysage, la revue favorise le développement et la diffusion des différentes propositions critiques, pratiques, artistiques auprès du public. Elle a le mérite de mener une politique de traduction de textes étrangers anciens ou contemporains qui permet aux lecteurs francophones un regard plus large. Cette aventure de pensée, de recherche, de création donne au lecteur la chance de devenir acteur et responsable de son environnement, de penser son futur et le futur du paysage.

«  Découvrir et s’inspirer du monde et de l’esprit des lieux en laissant une trace… »  Ce que font parfaitement les Carnets du paysage.

Les Carnets du Paysage
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