• Château La Coste, France
  • Louise Bourgeois, Crouching Spider, 2007
  • Alexander Calder, Small Crinkly, 1976
  • Hiroshi Sugimoto, Mathematical Model 012 Surface Of Revolution With Constant Negative Curvature, 2010
  • Sean Scully, Boxes Full of Air , 2015
  • Sean Scully, Wall of Light Cubed, 2007
  • Tunga, Psicopompos, 2011
  • Tunga, Psicopompos, 2011
  • Tunga, Psicopompos, 2011
  • Tunga, Psicopompos, 2011
  • Frank Gehry, Le Pavillon de la Musique, 2008
  • Guggi, Calix Meus Inebrians, 2009
  • Richard Serra, AIX, 2008
  • Jean-Michel Othoniel, La Grande Croix Rouge, 2007-2008
  • Liam Gillick, Multiplied Resistence Screened, 2010
  • Liam Gillick, Multiplied Resistence Screened, 2010
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Le Château La Coste en Provence, France

Destinations - 01/11/2018 - Article : Marie Ladonne - Photos : Barbara Fecchio

Au cœur de l’arrière-pays provençal, aux environs d’Aix en Provence, au Puy-Sainte-Réparade, Le Château La Coste, un domaine viticole de 200 hectares, propose une « promenade Art & Architecture » de deux heures entre vigne, garrigue et foret. Le parcours artistique compte 34 œuvres en plein air : sculptures et installations d’artistes de renommée internationale, bâtiments dessinés par les architectes stars d’aujourd’hui, et même un aménagement paysagé (Potager, 2014) signé Louis Benech. Ici, selon la volonté du maître des lieux, le millionnaire irlandais Patrick « Paddy » McKillen, la nature, l’art contemporain et l’architecture sont au cœur de l’activité du Château.

Première rencontre sur le domaine du Château La Coste : un long bâtiment en V épuré de béton lisse, de verre et de métal, bordé par un plan d’eau. Abritant un café-restaurant et une librairie, ce centre d’art conçu par l’architecte japonais Tadao Ando dialogue remarquablement avec son environnement naturel. Les immenses baies vitrées rendent perméables les espaces extérieurs et intérieurs. Une colonnade s’échappe du bâtiment vers les vignes. Les plans d’eau reflètent à l’infini les pans de béton. Dans ces bassins, des œuvres émergent : une araignée de Louise Bourgeois (Crouching Spider, 2007), un mobile d’Alexander Calder (Small Crinkly, 1976), etc.

Les stars de l’architecture contemporaine
Pas de château et pas de vieilles pierres sur ce domaine viticole historique : c’est au contraire l’architecture contemporaine qui y règne. Pas moins de quatre architectes lauréats du prix Pritzker – l’équivalent du Nobel en architecture – ont dessinés des bâtiments ou des aménagements pour cet immense parc naturel. Outre les très nombreuses contributions de Tadao Ando au domaine, on y découvre : le chai de vinification – deux hémi-cylindres en aluminium brillant – par Jean Nouvel ; le Pavillon de la musique – une explosion de formes et d’éléments superposées – conçu à l’origine pour la Serpentine Gallery en 2008 par Frank Gehry ; le Pavillon d’exposition – semi-enterré, le toit en verre faisant corps avec la ligne d’horizon – par Renzo Piano. Patrick McKillen pense confier prochainement la réalisation d’un nouveau pavillon d’exposition à… Richard Rodgers. (Et de 5 lauréats !)

La grande majorité des œuvres sont des créations in situ. Architectes et artistes ont eu carte blanche pour concevoir et positionner leurs œuvres ; et la promenade « Art & Architecture » se déploie ainsi aux quatre coins du domaine. On peut y découvrir notamment trois lames d’acier de Richard Serra (AIX, 2008), une meute de renards en bronze dorés (Fox, 2008) cachés dans les bois de Michael Stipe (ex-chanteur de REM), un phallus jaune (Faux-pas, 2006) érigé au milieu des arbres de Franz West, une croix en perles de verre rouge de Jean-Michel Othoniel (La Grande Croix Rouge, 2007-2008) aux abords de l’incroyable chapelle réhabi(li)tée par le travail sur la lumière de Tadao Ando, ou encore une installation de Tracy Emin (Self-Portrait : Cat Inside A Barrel, 2013) au bout une longue passerelle.

Une collection de grands noms de l’art contemporain, dont plusieurs œuvres véritablement remarquables
Multiplied Resistence Screened (2010) est une œuvre interactive de Liam Gillick, en aluminium et acier inoxydable, dans laquelle le spectateur est invité à pénétrer pour en déplacer les claustras coulissantes. Les différentes combinaisons de couleurs et de lignes qui en résultent composent d’étonnants jeux graphiques sur fond de nature.
Andy Goldsworthy entraîne le visiteur sous terre, sous un immense dôme de branches de chêne entrelacées. Oak Room (2009) est à mi-chemin entre l’abri et le trou noir.
Deux œuvres – presque antithétiques – de Sean Scully se font face de part et d’autre d’une parcelle de vigne : Boxes Full of Air (2015) et Wall of Light Cubed (2007). Ces deux œuvres reprennent le vocabulaire caractéristique de l’artiste britannique, l’une des œuvres jouant avec le plein et la composition colorée des blocs de calcaire gris et rose, et l’autre jouant avec le vide et induisant des compositions fragmentées de paysage au travers des cadres formés par des lignes métalliques.
Le sculpteur brésilien Tunga a conçu Psicopompos (2011), trois arches monumentales en pierre de Rognes – une carrière locale – et en aimant auxquelles sont suspendus divers blocs de minéraux : quartz du Pérou ou prisme de verre. Ces étranges systèmes jouent de symbolisme avec le nom de l’œuvre Psicopompos, une référence aux outils de mesure de l’âme humaine lors du passage dans l’au-delà, dans la mythologie grecque.
Dernière œuvre installée au Château La Coste, à lisière du domaine, et cachée dans un bosquet, Dead End (2018) de Sophie Calle est une sépulture en marbre blanc sur laquelle est gravée comme épitaphe « Ici reposent les secrets des promeneurs ». Une fente au centre de la tombe permet au visiteur de glisser sa confession écrite sur une feuille de papier, mise à disposition à proximité. Par la poésie du geste et la localisation de l’œuvre, Sophie Calle parvient à ménager au cours du parcours un moment d’introspection, un moment hors du temps.

Ouvert au public en 2011, le parc de sculpture du Château La Coste, si l’on prend le temps du regard et de la réflexion sur les œuvres, demande davantage que les deux heures annoncées – et de bonnes chaussures. On s’aventure sur les sentiers, on revient sur ses pas, on se perd, on s’attarde. Les vues sur les collines provençales et les rangs de vignes, la lumière et les couleurs du sud de la France offrent un bel écrin aux œuvres contemporaines. En fin de visite, pour parachever l’expérience : un verre de rosé du domaine, travaillé en biodynamie.

 

Château La Coste
2750 Route de la Cride
13610 Le Puy Ste Réparade, France
Tél : +33 (0)4 42 61 92 92