Les sculptures à ciel ouvert de la Fondation de Coubertin
À une heure en RER de Paris, dans le Parc naturel régional de la Haute Vallée de Chevreuse, un lieu surprenant, baigné dans la quiétude de la campagne, s’étend sur 80 hectares : la Fondation de Coubertin.
L’histoire de la Fondation date des années 1950, de l’heureuse rencontre entre Yvonne de Coubertin, héritière du domaine, femme engagée dans le domaine de l’éducation et « humaniste de conviction », et Jean Bernard, artiste, tailleur de pierre, fils du sculpteur Joseph Bernard, et compagnon du devoir. Ensemble, animés par des valeurs et des ambitions communes, ils créent en 1950 l’Association pour le développement du Compagnonnage rural, qui devient, en 1973, l’actuelle Fondation de Coubertin. Sa principale mission est la formation aux métiers manuels – menuiserie, ferronnerie d’Art, taille de pierre et fonderie – et la sauvegarde du patrimoine et des savoir-faire. Chaque année, la Fondation accueille un groupe d’une trentaine de boursiers (sur dossier) pendant onze mois de formation en alternance couvrant à la fois l’enseignement culturel (culture générale et artistique) et l’enseignement professionnel, réparti entre les cours théoriques et les cours pratiques en ateliers. Au sein de la Fondation, les ateliers Saint-Jacques et la Fonderie de Coubertin œuvrent aujourd’hui pour des institutions comme le Palais du Louvre ou encore le Château de Versailles, ainsi que pour la restauration de sculptures monumentales d’artistes contemporains comme Cow Up a Tree de John Kelly, qui est désormais installé devant l’Opéra de Cork (Irlande). L’expertise de ces ateliers rayonne sur le plan international.
C’est à l’intérieur de ce domaine, et plus précisément dans le Jardin des bronzes et dans le parc, que l’on découvre une partie des collections de la Fondation de Coubertin ainsi qu’un dépôt de sculptures d’institutions publiques comme le Musée Bourdelle, d’artistes ou de leurs ayants droit, comme Marta Pan — qui habitait à quelques kilomètres de la Fondation.
Le Jardin des bronzes
On entre dans le Jardin des bronzes à travers un petit portail dissimulé par la végétation, un peu comme Alice aux Pays des merveilles. Mais rassurez-vous, ni chute ni lapin à suivre ne sont prévus, par contre on vous garantit le même émerveillement !
Ancien verger réhabilité par l’architecte Robert Auzelle, le jardin est organisé autour d’un canal central qui le parcourt en longueur, en reliant plusieurs bassins d’eau. D’un côté comme de l’autre se déploient les terrasses, habitées pour la plupart par des sculptures figuratives en bronze du milieu du XIXème siècle jusqu’à nos jours. Il s’agit de la collection du domaine, donc principalement des œuvres de Joseph Bernard, d’Antoine Bourdelle, de Robert Wlérick, de Rodin, entre autres. Faunes, bacchantes, jeunes filles en train de danser ou de contempler la nature, animent la vie du jardin et vous tendent la main pour passer de sculpture en sculpture.
Le parc
Un escalier en pierre relie le Jardin des bronzes au parc du château. Sur la droite, trois personnages d’Etienne-Martin s’abritent discrètement à l’ombre des arbres. À mi-chemin entre forme humaine et végétale, les trois sculptures en bronze composant Personnage III (1967) ont été fondues à partir d’originaux en bois d’acacia. Le remarquable travail de la matière se dissimule parfaitement avec l’écorce des troncs alentour.
Dès que l’on arrive à l’étendue du parc, Les Trois disques fendus de Marta Pan attirent immédiatement l’œil du visiteur. Il s’agit de trois disques de granite blanc placés l’un à côté de l’autre, face au château, à une quarantaine de mètres de distance de celui-ci. On reconnait les lignes pures et précises de l’artiste hongroise, rendues encore plus définies par le blanc éclatant du granit de Bethel. Les disques sont fendus à différents endroits et présentent différentes épaisseurs, de 20 cm en bas à 6,5 cm en haut.
Un peu plus loin, une autre sculpture de Marta Pan, Passage (2004), fabriquée dans un matériau cher à l’artiste, l’acier inoxydable, qui, grâce à sa finition satinée crée des jeux de couleurs incroyables en résonance avec la lumière du ciel.
Dans un registre complètement différent, on trouve une troisième sculpture installée dans le parc : La Vallée de l’ours (1948) de l’artiste français Dominique Labauvie. Une ligne en acier, irrégulière, rapide, aérienne, redessine l’espace devant vous. La Vallée de l’ours dont l’œuvre tire son nom, est située au nord de New York et accueille aujourd’hui un des plus importants parcs de sculptures des États-Unis, Storm King Art Center. Ce parc a eu un rôle essentiel dans la carrière de l’artiste, jusqu’à le pousser à continuer son travail aux États-Unis.
La promenade continue vers l’orangerie, en passant à côté d’un cèdre majestueux d’environ 230 ans. Asseyez-vous un instant sur le banc « spaghetti » de Pablo Reinoso. Depuis cet emplacement on peut croiser du regard une troisième œuvre de Marta Pan, la Porte cylindrique, elle aussi en acier satiné. Comme pour Passage, l’absence de signes de soudure sur l’œuvre illustre parfaitement sa précision dans l’exécution.
On arrive enfin au niveau de l’allée à la française, devant le château, pour retrouver, entre autre, le Cheval monumental de Bourdelle, monument très imposant de 14 mètres de haut, Sculpture en U et Positif du U (1998), toujours signées Marta Pan. Cette dernière œuvre, constituée de deux éléments complémentaires, coupe et recadre constamment le paysage, en absorbant toute la lumière autour – comme si la sculpture se chargeait de l’énergie de la nature. Selon la couleur du ciel et l’intensité de la lumière, l’acier varie du blanc, au bleu, au gris sombre presque noir.
La Fondation organise des visites-conférences pour des groupes de 15 à 25 personnes, sur réservation, les lundi après-midi et samedi matin : horaires, tarifs et conditions (cliquer sur le texte). Plus d’infos ici.
En dehors des périodes d’exposition et d’animation, le musée le parc de la Fondation ne sont pas ouverts au public.
Réouverture pour les visiteurs individuels en septembre 2017.
Domaine de Coubertin
78470 Saint-Rémy-lès-Chevreuse, France
www.coubertin.fr
Un lieu d’intelligence, infiniment sympathique, que j’apprécie beaucoup!
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Nous avons beaucoup apprécié aussi ! :-)